La Lettre d’Arboriculture 58 – Printemps 2011
« Ils couperont toutes les fleurs mais ne pourront arrêter le printemps. »
Pablo Neruda
Alors qu’hiver claudicant s’estompe des ornières ; que nos nerfs en conservent encore la cacochyme canine ; qu’en embuscade se fomentent de sournoises et fatales gelures… Jaillit, toujours renouvelée, toujours prodigue la dulcis lumière des fleurs d’Amandiers !
Certes, à l’heure où vous parcourrez ces lignes, de bourdonnants pollinisateurs auront effectué leur office, le vent se sera égayé, fripon, saupoudrant au sol cette impression de flocons roses et blancs. Les pluies s’en mêlant… Ô ravissement mordoré des troncs rugueux soudain parés du tendre vert bourgeons feuillus, particulière symétrie des sapins boursouflés de Noël. Place au soleil maintenant ! La ponctuation s’accélère : jaune virgule des jonquilles, point-virgule pâle narcisses, exclamation mauve des jacinthes !
– Que de hâtes jouvencelles, minaudent les fées du Marronnier, nos ailes se défripent à peine !
– Fi de tout ce bazar métaphorique, crépitent les cônes de Pins. Mûrissons ! Mûrissons !« Ô saisons ! ô châteaux ! » Comment ne point éprouver la vie, je l’affirme ici, source perpétuelle d’extase ?
Aussi, quand je constate l’opiniâtreté avec laquelle les soidisant « développateurs » du paysage piétinent celle-ci, je ne donne pas cher de ma peau ! Assurément le ressentiment, la haine, l’esprit de vengeance tiennent le haut du pavé.
Et sous les pavés, le gaz de schiste ?
Quel rapport avec la branche qui nous préoccupe ? Rappelezmoi déjà le véritable titre de l’intervention de Charles-Materne Gillig au colloque SFA-Ville de Strasbourg ? « 50 ans de mépris du végétal » ! Au nom du Marché vous en reprendrez bien une louche ? Entre les rabatous professionnels, les tronçonneurs du dimanche, les pépiniéristes de planche à billets, les gestionnaires hygiénistes, les voisins dont les rameaux du voisin…
Combien de fois, en tant qu’arboriste formé aux règles de l’art, n’ai-je point été tenté de leur rentrer dans le lard ! De devenir moi-même un mercenaire ! Je salue donc avec ardeur les arboristes professionnel-les qui s’évertuent chaque jour à répondre aux exigences humaines tout en exprimant celles non moins réelles du règne végétal. Puisque vous semblez en tant qu’adhérents de la SFA partager ces valeurs, en tout cas progresser en ce sens, je vous rappelle que l’avenir de celle-ci réside uniquement dans votre bon vouloir (et le règlement de votre cotisation !)
Grâce à vos sous, à vos élans Strasbourgeois, je vous annonce la réédition de la campagne Respectons les Arbres sur le thème : les bonnes pratiques de taille ; ainsi que le suivant encore en projet… (je vous laisse le soin de le découvrir plus loin).
La réalisation de cinq jeux de Kakémonos (chose suspendue, en japonais) plastifiés reprenant la BD et des fiches Arbres en question, disponible auprès des délégué-es régionaux pour qui désire animer une conférence ou un stand. D’accord, mais s’investir nationalement est trop contraignant,trop abstrait, trop coûteux ! Et pis c’est qui mon délégué o gué o gué ? D’où le souhait du conseil d’administration de voir s’autonomiser un maximum les régions.
À l’occasion des cinq Rencontres Arborées, distribution d’un lot de verres recyclables et de tee-shirts dont la vente constituera une première cagnotte permettant à terme défraiements et achats de matériel de grimpe, stages… Pour ce faire, il est indispensable de vous organiser en bureau avec au moins un ou une porte parole motivé-e, un ou une trésorierère en lien avec celui de l’association, un ou une secrétaire prenant note des décisions et des différents projets, d’un ou une référent-e matériel de grimpe, kakémonos, etc.
L’avenir de la SFA sera local choral ou ne sera pas.
Philippe Nibart, président de la SFA