La Lettre d’Arboriculture 95 – Juillet 2020
Le 2 juin 2020, le jour d’après.
Ce jour officialise la fin du confinement. Après deux mois et demi de danse médiatique autour de ce qu’il faut faire ou ne pas faire ou même de ce qu’il serait préférable de faire, au choix, le tout mijotant dans un maelström digne des plus grands philosophes de comptoir.
Ça y est. Chacun(e) peut revenir à sa vie d’avant. Son quotidien. Celui que nous désignons, avec une certaine tendresse, par notre normalité.
Tout le monde attendait avec impatience ce jour, pour revenir à son normal, pour avoir le droit de redevenir un homme libre, pour avoir le droit de profiter de « l’anormalité » ou de sa normalité. Mettons-nous d’accord sur le terme « normal ». C’est un ensemble de comportements, de faits qui est collectivement approuvé par un groupe. C’est une norme, une de plus.
Il aura suffi d’une seule journée pour occulter tant de choses. Les actions « bonne conscience » comme les applaudissements aux soignants. Il a suffi d’une unique journée pour rebasculer dans l’incivilité de l’être civilisé et ses préoccupations primaires. Qui brandit le drapeau citoyen quand il est question de ses droits et qui le range bien vite quand il est question de ses devoirs. Le paroxysme du citoyen qui se révolte contre ses propres besoins de consommateurs.
Il a suffi d’une simple journée pour constater que seul l’interdit nous limite dans nos délires égocentriques, et pour ça nous sommes tous égaux, quel que soit le pays où nous vivons.
C’est aussi le retour des merdias de toutes sortes qui se repaissent de cet afflux de désinformations mettant en exergue toutes sortes d’extrémismes. De l’homme aux arbres, ces extrémistes sont heureux, ils font à nouveau la Une et quel meilleur moyen pour leur donner du pouvoir que de parler d’eux. Existe-t-il réellement une solution à ce retour brutal à la vie d’avant ? Sortirons-nous de ce conditionne- ment ? Supprimer le positif de toutes situations est le meilleur moyen de générer un climat anxiogène où tout un chacun sera retranché dans des actes violents de défense. Recroquevillé, le dos au mur, craignant l’autre comme il lui tendait la main le jour d’avant.
Il y avait pourtant une part de choses agréables pendant cette période. Ce n’était pas facile certes, mais le mieux c’était quand ? Quand nous faisions preuve d’un semblant d’entraide dans la difficulté ? Ou lorsque nous basculons dans l’individualité oisive dès que la situation redevient facile ? Avant, pendant ou maintenant ?
Bon retour dans l’anormal.
Laurent Pierron, président bénévole
Dates de remise des articles pour les prochaines Lettres
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